Quand l’information suscite addiction, méfiance ou rejet

Quand l’information suscite addiction, méfiance ou rejet

Dans une enquête intitulée “Information : 50 nuances de défiance”, portant sur la relation des Français à l’égard des médias, le think tank Destin Commun révèle que 70 % d’entre eux se disent méfiants.  

Près de trois Français sur quatre ne feraient pas confiance aux médias ! Si ce chiffre est éloquent, il révèle aussi un paradoxe, puisque les personnes interrogées dans l’enquête “Information : 50 nuances de défiance”se disent très consommatrices des chaînes d’infos en continu. Entre défiance et dépendance, la frontière semble ténue. Qu’en est-il de la diversité des sources d’information ? Si 40 % déclarent s’informer auprès de plusieurs médias, qu’ils soient marqués politiquement ou pas, une grande majorité converge vers des sources ayant la même orientation.

Une offre pléthorique, anxiogène et peu fiable

Les raisons pouvant expliquer cette défiance ne manquent pas. D’abord, l’atomisation des médias, la désintermédiation et la déprofessionnalisation de la production journalistique participent au sentiment de vertige et de confusion face à une offre pléthorique. Le ton adopté contribuerait également à alimenter ce sentiment de méfiance. À cet égard, ils sont 28 % à se détourner de l’information, en raison de la charge négative qu’elle induit. Enfin, même si la France occupe la 26e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2022, établi par Reporters sans frontières, seulement 14 % des personnes interrogées considèrent que les médias relatent des faits fiables et non biaisés.

La crainte de la désinformation

Cette défiance ne serait pas déconnectée de l’image qu’ont les Français de leur classe politique. L’enquête souligne que 40 % (contre 25 % en Allemagne) estiment que celle-ci oriente et manipule l’information. Cette perception est même prédominante parmi les tenants d’une idéologie identitaire (60 %) et les laissés-pour-compte (51 %), qui se rejoignent dans une vision pessimiste et décliniste de la société.

S’agissant de fake news ou d’informations biaisées, l’enquête révèle qu’une très large majorité de Français redoutent que leur entourage – famille, amis, collègues – soit induit en erreur par les médias. Cette inquiétude s’exprime quels que soient le sexe, l’âge, le lieu de résidence, le diplôme, le niveau de revenus ou la sensibilité politique, même si ceux qui se sont abstenus lors de la dernière élection présidentielle se montrent encore plus préoccupés que les votants.

Fake news et réseaux sociaux

L’utilisation d’Internet et des réseaux sociaux accentuerait cette crainte liée à la désinformation. Parmi ceux ne s’informant pas sur le Web, ils sont 53 % à se dire inquiets, alors que 74 % des autres reconnaissent éprouver de la défiance. À propos des réseaux sociaux, 64 % émettent une opinion très critique, estimant qu’ils renforcent la polarisation et les points de vue extrêmes. Soulignons que 45 % des Français considèrent même qu’ils représentent une menace pour le bon fonctionnement de la démocratie.

En savoir plus : Enquête “Information : 50 nuances de défiance”