Ils veulent une information plurielle et indépendante

Ils veulent une information plurielle et indépendante

Menée du 27 juin au 30 septembre dernier et dévoilée lors de la 5e édition de Médias en Seine, en novembre, la consultation citoyenne #MieuxSinformer(1) a enregistré des résultats records, puisque plus de 113 227 participants ont déposé 2 023 propositions et 526 858 votes. En voici les principaux enseignements. Instructif !    

Le premier enseignement de cette consultation est que les personnes y ayant répondu plébiscitent le renforcement d’une éducation aux médias et à l’information. La défense des principes d’une information libre, plurielle et indépendante est également réaffirmée avec force. Ils souhaitent également une plus grande transparence sur le financement des médias. D’autres aspirations apparaissent, comme celle d’un contrôle accru et plus rigoureux des contenus diffusés, ou encore la prise de sanctions pour endiguer la propagation des fake news. « Cette consultation ne révèle pas seulement des opinions, mais plus profondément des valeurs qui sont largement partagées et qu’il convient de prendre en compte dans l’étude de l’écosystème des médias numériques », souligne le sociologue Sylvain Parasie.  

Une information plus diversifiée

Pratique journalistique et ligne éditoriale, éducation et sensibilisation aux médias, financements et gouvernance des médias et régulation de l’information sont les principaux sujets abordés dans le cadre de cette consultation “Comment permettre à chacun de mieux s’informer ?”. Traduisant ce dont les Français “ont le plus parlé”, ils reflètent également leurs préoccupations. Ainsi, les participants ont été particulièrement prolixes sur la thématique “Pratique journalistique et ligne éditoriale” (25 % des propositions à elle seule). Il y est question des conditions d’exercice du métier de journaliste et de leur protection, d’éducation de l’esprit critique dès le plus jeune âge « en croisant les sources, en prenant du recul, en sachant décrypter les discours et discerner un fait d’une opinion », du traitement de l’information et du renforcement du fact-checking.

Quel rôle les enseignants doivent-ils jouer ?

L’éducation et la sensibilisation aux médias arrive juste derrière (20 %). Cette thématique concerne essentiellement le rôle de l’école dans le développement de l’esprit critique pour mieux comprendre l’information. « Il faudrait une plage horaire dans l’emploi du temps des élèves consacrée à l’éducation aux médias et à l’information », considèrent 76 % des participants. Analyser l’information, diversifier les sources figurent également parmi les idées émises. D’autres estiment que la formation des enseignants pour « casser les chaînes de désinformation et de fake news », dont la diffusion devrait être sévèrement sanctionnée (80 %), serait bénéfique. Ils en appellent aussi à la responsabilité et à l’autonomie des citoyens eux-mêmes, afin d’apprendre à recevoir l’information avec davantage de recul et de discernement. Une autre souhaiterait que soit donné « le réflexe de vérifier, à l’aide de ressources fiables, ce qu’ils voient, sur leurs réseaux sociaux, avant de partager ». L’une des questions divisant les participants est celle d’interdire, ou pas, les réseaux sociaux aux mineurs en-deçà d’un certain âge.      

Un “Netflix de la presse” ?

Les propositions sur le financement et la gouvernance des médias portent sur l’indépendance éditoriale des rédactions dans un contexte de concentration, sur la transparence en matière d’identité des financeurs et sur le prix de la presse. Sur ce point, l’idée de réduire les tarifs des abonnements à la presse, voire, dans certains cas, de les rendre gratuits, suscite un clivage. Les participants à la consultation se divisent par exemple sur la suggestion de créer un système de catalogue, un “Netflix de la presse”, regroupant différents titres ou articles à prix attractifs. Concernant les questions de régulation, les participants évoquent principalement les réseaux sociaux et la modération de leurs algorithmes, ainsi que la sanction des fake news et des contenus haineux. Enfin, les participants à cette consultation réclament, entre autres, plus de diversité dans les sujets, davantage de pluralisme dans les prises de parole des experts et intervenants, et un accès facilité à l’information.

(1) Consultation menée par les partenaires DE FACTO et relayée sur les sites de France Info, France Bleu, 20 Minutes, tous les titres du Groupe EBRA et sur la plateforme Make.org.